samedi 26 avril 2008

Portrait de Babbitt

Babbitt


[…] Il n’y avait pourtant rien de géant dans l’homme qui commençait à s’éveiller sur la véranda d’une maison de style colonial hollandais, dans le quartier de Zénith connu sous le nom de « Hauteur Fleuries ».

Il s’appelait George F. Babbitt, il avait, en ce mois d’avril 1920, quarante-six ans, et ne faisait rien de spécial, ni du beurre, ni des chaussures, ni des vers, mais était habile à vendre des maisons à un prix plus élevé que les gens ne pouvaient y mettre.

Sa tête, qu’il avait grosse, était rose, ses cheveux bruns, fins et secs. Sa figure gardait dans le sommeil quelque chose d’enfantin, en dépit de ses rides et des marques rouges laissées par ses lunettes de chaque côté de son nez. Il n’était pas gras mais extrêmement bien nourri ; ses joues étaient rebondies, et sur la couverture kaki reposait avec abandon une main potelée, légèrement bouffie. Il avait un air de prospérité, d’homme tout ce qu’il y a de plus marié et de moins romanesque […]




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mercredi 23 avril 2008

Le Tigre et l'enfant

La proie a peur du prédateur et le prédateur a peur de la faim et de la mort.

C'est ainsi qu'un enfant se garda en vie quand, errant dans les champs, il se retrouva fort loin du village et qu'un tigre affamé croisa son chemin.

- Si tu veux me manger maintenant, Tigre, tu devras chasser encore demain.

- Si je te dévore, j'aurai déjà gagné un jour !

- Moi, je peux t'apprendre comment gagner plein d'autres jours...

Le Tigre rentra alors ses griffes, s'assit et écouta l'enfant.

- Regarde autour de toi : l'herbe est abondante, les arbres donnent des fruits à foison. Arrête donc de manger de la viande et tu ne mourras jamais de faim.

- Mais je suis un viandard, répondit le Tigre. J'ai des griffes et des crocs. A quoi vont-ils me servir ?

- A te défendre et à défendre ceux qui te sont chers.

- Mais je suis seul et n'ai point de famille ni d'amis.

- Si tu m'épargnes, tu auras gagné un ami.

Le Tigre réfléchit et dit :

-je goûterai l'herbe et les fruits pour te faire plaisir.

Il épargna l'enfant et connut la joie de partager un repas. Par la suite, il n'eût plus jamais faim.

Notre instinct est parfois un cruel poison : nous agissons sans réfléchir, nous hurlons, nous nous mettons en colère, nous nous vexons, nous prenons la fuite alors qu'il faudrait se poser et réfléchir aux conséquences de nos actes impulsifs.




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Destination Lefkès


Le port s’était vidé sans que nous ne nous en soyons rendu compte. Les touristes de l’énorme paquebot visitaient le monastère et les petits caïques avaient déposé sur les plages de l’île ceux qui passaient là leurs vacances. Nous nous éloignâmes des quais, longeâmes un champ d’herbes sèches dans lequel une dizaine de chèvres aux pattes entravées s’étaient regroupées à l’ombre d’un figuier. La route montait ensuite jusqu’au sommet d’une colline qui dominait le port puis après un large virage redescendait sur l’autre versant. A peine eûmes-nous passé une haie de pins couchés par le vent et fait quelques pas que le paysage changea. Les trois quarts de la baie de Meloï étaient une plage de gravillons plantée de tamaris aux troncs peints en blanc ; à quelques mètres derrière eux, sur un énorme rocher, une petite chapelle dominait la mer. Sur la droite, entre des branches de pin parasols, se devinaient les terrasses de deux maisons basses. L’homme qui sortit de l’ombre de l’une d’elles était un nain. Il s’adressa à nous en grec, en espagnol puis en français :

— Je cuisine !

S’il connaissait Lefkès ? il éclata de rire.

— Je suis né à Lefkès !

... Andréa nous raccompagna jusqu’à notre chambre.

—Vous n’allez pas rester là ! En Grèce, il faut voir la mer de plus près ! Il fait toucher la mer, être réveillé par la mer et endormi par le murmure de ses vagues !...

Demain, je vous conduirai !

Le lendemain matin, nous le trouvâmes devant notre porte ; il souriait déjà.

Fabrice HEYRIES – l’eau des glaïeuls – éd. Ramsay 1990.






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