vendredi 30 mai 2008

Une mort.

Une mort

C’était une route ordinaire, sous un ciel ordinaire. C’était une route sans odeur particulière au macadam usé, tracée entre des champs plats. Je n’attendais rien, aucun regard, aucune surprise, je roulais lentement.

Je ne compris rien à la forme posée sur la route. Comme un énorme galet sombre et rond. Je m’arrêtai à quelques mètres de lui, sortis de ma voiture et m’avançai.

Sa tête reposait sur l’asphalte encore tiède et son seul œil visible fixait le ciel. C’était un cheval qui respirait à peine, ses flancs presque immobiles, son ventre agité de spasmes courts. Je fis le tour de l’animal comme d’une baleine échouée sur le sable. Les champs autour de nous, à l’infini, étaient déserts et la nuit tombait. Je suis resté jusqu’à la fin. De la voiture me parvenaient avec netteté les sons graves de deux violoncelles. Je sus exactement la seconde où le cœur du cheval s’arrêta. Ses deux pattes avant se détendirent lentement et ses lèvres glissèrent sur une rangée de dents serrées. Le cheval souriait. Son image dans mon rétroviseur m’accompagna longtemps puis disparut. Je n’avais pas réalisé qu’il pleuvait ni que la radio diffusait une mélodie répétitive dont je connaissais à présent chaque reprise.

Fabrice HEYRIÈS, L’eau des glaïeuls, édition Ramsay 1990

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