mardi 15 juillet 2008

Plaisir enfantin


Plaisir enfantin.


J’ai connu une petite fille de huit ans qui laissait sa mère l’appeler longtemps, au loin, dans le parc… Elle écoutait, cachée, la voix maternelle s’approcher, s’éloigner, errer, changer d’accent, devenir, autour du puits et de l’étang, rauque et méconnaissable. C’était une petite fille très douce, mais qui en savait déjà trop, comme vous voyez, sur les diverses manières de se donner terriblement du plaisir. Elle finissait par sortir de sa cachette, imitait l’essoufflement et se jetait en courant dans les bras de sa mère : « Je viens de la ferme… J’étais… J’étais avec Anna dans le bas du potager… J’étais… J’étais… » s’excusait-elle.

« Qu’est-ce que tu feras de pire quand tu auras vingt ans ? » lui reprochai-je un jour.

Elle ferma à demi ses yeux bleus délicieux, regarda dans le lointain :

« Oh ! je trouverai bien… » dit-elle.

Mais je crois qu’elle se vantait. Je m’étonnai qu’elle jouât, par deux fois, son jeu devant moi. Elle ne me demandait aucune complicité ni promesse, semblait assurée de moi comme le furent, après elle, d’autres coupables, vaincus par la volupté de l’aveu et le besoin de mûrir sous un regard humain.

Colette. Mes apprentissages. Poche 1972




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