samedi 13 février 2016

Tête d'écolière

         Le matin, en allant à l'école, j'essayais de respirer profondément l'air brumeux, dans l'espoir d'attraper un bon mal à la gorge. Mais je découvris qu'il m'était très difficile de tomber malade. J'attrapais bien une ou deux petites grippes chaque hiver; mais la fièvre durait un jour et, le lendemain, c'était fini. Je devais revenir à l'école et le supplice recommençait : le brouillard en chemin, la classe, l'angoisse, les devoirs avec des annotations bleues et rouges, l'estrade, la barbiche de bouc. Je rêvais d'une pneumonie. Et je me disais que j'étais tombée bien bas, que ma vie était un désastre puisque j'en étais réduite à appeler de mes vœux la trêve d'une maladie.
Natalia Ginzburg - "Lune pâlissantese", une des nouvelles de La Mère.

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