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mercredi 3 juillet 2013

Le mari "zéro".

        Quand nous nous promenions le soir, il dirigeait lui-même la promenade; mais quelle qu'elle fût, il s'y était toujours ennuyé; de retour au logis, il mettait sur les autres le fardeau de sa lassitude; sa femme en avait été la cause en le menant contre son gré là où elle voulait aller; ne se souvenant plus de nous avoir conduits, il se plaignait d'être gouverné par elle dans les moindres détails de la vie, de ne pouvoir garder ni une volonté ni une pensée à lui, d'être un zéro dans sa maison.

Balzac, Le Lys dans la Vallée, G-F 1972 

lundi 2 novembre 2009

Ecriture de femme


« Je vous écris, disait la lettre, parce que je ne puis plus supporter ce silence … »
Aurélien l’avait trouvée au courrier du soir. Pour la deuxième fois, il voyait l’écriture de Bérénice. Comme un visage nouveau. Désordonnée, l’air d’être grande, mais tenant beaucoup à la ligne, avec des espaces entre les lignes inusuels pour la hauteur des lettres. Rien de l’écriture habituelle, uniforme, des femmes, qui toutes gardent de l’école et de l’enfance je ne sais quel luxe, quelle marque de l’éducation première, de l’idée qu’on se fait d’une écriture de femme de nos jours. Une écriture étrangement pas manucurée. Avec des courants d’air dedans, et comme des battements de cœur. Cette écriture inconnue dansait dans les yeux d’Aurélien, il la lut d’abord sans la comprendre, trop ému. Il lui fallait faire le point, se persuader que c’était bien Bérénice qui parlait ainsi, avec cette encre bleue, sur ce papier, teinté vert d’eau. Bérénice… laquelle ? celle des yeux ouverts, celle des yeux fermés ? Bérénice toujours.
Louis Aragon, Aurélien, Poche.