Un jour, Azora revint d’une promenade tout en colère et
faisant de grandes exclamations.
« Qu’avez-vous, lui dit-il [Zadig], ma chère
épouse ? Qui vous peut mettre ainsi hors de vous-même ?
- Hélas ! dit-elle, vous seriez comme moi, si vous
aviez vu le spectacle dont je viens d’être témoin. J’ai été consoler la jeune
veuve Cosrou, qui vient d’élever depuis deux jours un tombeau à son jeune époux
auprès du ruisseau qui borde cette prairie. Elle a promis aux dieux, dans sa
douleur, de demeurer auprès de ce tombeau, tant que l’eau de ce ruisseau
coulerait auprès.
- Eh bien, dit Zadig, voilà une femme estimable, qui
aimait véritablement son mari !
- Ah ! reprit Azora, si vous saviez à quoi elle
s’occupait quand je lui ai rendu visite !
- À quoi donc, belle Azora ?
- Elle faisait détourner le ruisseau. »
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Nicole Masson, Voltaire - A la
conquête de la liberté, éd. Chêne 2015
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